lundi 23 juillet 2012

Channel Orange.

Après quelques semaines de vacances, je me sens assez faible. L'ennui et le mauvais temps m'achèvent, et j'attends impatiemment mon départ. Et oui, car comme je vous le disais, je déménage dans le 18eme arrondissement. Le grand jour arrive: mardi, j'aurais un nouveau chez moi, et de nouveaux cheveux. Oui, car je vais me faire un lissage brésilien, ce n'est pas que j'en ai marre de ma coupe afro, mais j'ai juste envie de changer. Oui, ça arrive. Et mercredi, fini les vacances ! Je pars à Marciac pour couvrir le festival de Jazz, en tant que journaliste bénévole au sein du journal du festival. Je suis un peu anxieuse, mais tellement contente : je vais enfin faire quelque chose d’intéressant et de productif ! D'ailleurs, je ne sais pas si vous avez remarquez, mais il m'arrive de merveilleuses histoires à chaque fois qu'arrive l'été. Moi j'adore. Anyway.




Parlons de Mr. Frank Ocean. Haaaa, tout le monde l'aime, avec sa gueule d'ange et sa voix envoûtante. Ce beau jeune homme a révélé son premier album solo (il fait à l'origine partie du collectif Odd Future, ces voyous là): Channel Orange. Les morceaux sont aussi beaux qu'intriguant; en effet mr. Ocean a révélé sa bisexualité peu avant la sortie de son album avec une magnifique lettre posté sur tumblr, ce qui lui a valu beaucoup de messages d'encouragements, de soutiens, mais aussi de moqueries. Une de ses chansons, "Bad Religion" a aussi fait polémique, car il y parle de la religion musulman, qu'il considère comme "mauvaise" car elle ne l'accepte pas tel comme il est. A mon avis, ce n'est pas vraiment l'idée qu'il voulait faire passer, plutôt un moyen de crier son désespoir et ses doutes. Mais comment ne pas aimer ce petit gars... comment ?




Et voici sa lettre, tellement jolie :
 "Qui que vous soyez, où que vous soyez… Je commence à penser que tous autant que nous sommes, nous ne sommes pas si différents. Nous sommes tous des êtres humains appâtés par les ténèbres. Nous voulons tous être vus, touchés, écoutés, considérés comme important. Mais ce qui m’importe le plus, présentement, ce sont les gens que j’aime. Ils sont tout pour moi. Au cours de ces trois dernières années, j’ai hurlé devant le Grand Créateur. Hurlé devant les nuages dont le ciel est rempli. J’ai imploré des explications. De la clémence, peut-être. Une paix intérieure,  comme de la manne jetée du ciel.
Il y a 4 étés, j’ai rencontré quelqu’un. J’avais 19 ans. Lui aussi. On a traîné ensemble cet été-là, et celui d’après aussi. À deux, presque tous les jours. Le fil du temps semblait s’évanouir à chaque instant que l’on vivait ensemble. Je passais mes journées à le regarder, regarder son sourire. Je buvais autant ses paroles que ses silences… Jusqu’à ce qu’il soit l’heure d’aller se coucher. Alors, souvent, on dormait ensemble. Et puis, au fur et à mesure que le temps passait, j’ai réalisé une chose : j’étais amoureux. C’était maladif, c’était sans espoir. Il n’y avait aucun moyen pour moi de m’en échapper. Impossible de négocier avec mes sentiments. Pas le choix. C’était mon premier amour, et ça a changé ma vie. Plus tard, mon esprit a divagué jusqu’à se souvenir des femmes avec qui je suis sorti, celles qui ont compté pour moi, celles que j’ai cru aimer. Je me suis rappelé les chansons romantiques que j’écoutais quand j’étais adolescent. Celles que j’ai joué quand j’ai eu une petite copine pour la première fois. J’ai alors compris que ces chansons avaient été écrites dans une langue qui m’avait toujours été inconnue.
Je me suis pris toutes ces réalités dans la gueule, trop vite, d’un coup. Imaginez qu’on vous balance dans le vide depuis un avion. Moi, j’étais même pas dans un avion. En fait, j’étais dans une Nissan Maxima, la caisse avec laquelle je m’étais cassé à Los Angeles. Assis sur la banquette, j’ai avoué toute la vérité à ce mec. Je pleurais au fur et à mesure que les mots s’échappaient de ma bouche.  Je pleurais parce que je faisais le deuil de ces mots, de ces secrets qui n’en étaient plus au fur et à mesure que je les révélais. Il m’a fait une petite tape dans le dos. Il a dit des choses gentilles. Il a fait de son mieux. Mais il n’a pas abondé dans mon sens : parce qu’il devait retourner à l’intérieur, parce qu’il était tard et parce que sa copine l’attendait à l’étage. Pendant les 3 années qui ont suivi, il a continué à refuser de me dévoiler la vraie nature de ses sentiments. Je me suis senti bête à avoir imaginé que cet amour était réciproque, des années durant.
Maintenant, imaginez que vous êtes sur une falaise et qu’on vous jette dans le vide. Non, j’étais pas en haut d’une falaise. J’étais encore dans ma caisse, en train de me dire que tout irait bien, en train d’essayer d’inspirer des grandes bouffées d’air. Puis j’ai respiré un grand coup et j’ai fait avec. Et j’ai continué cette amitié un peu étrange avec lui, parce que je ne pouvais pas m’imaginer ne plus le voir. Je me suis battu pour prendre le dessus sur mes émotions. Je n’y ai pas toujours réussi.
Et la danse a continué… J’ai gardé le rythme pendant plusieurs été. Maintenant, l’hiver est revenu. J’écris ces lignes depuis un avion de la Nouvelle Orléans, en direction de Los Angeles. Je suis rentré à la maison pour Noël. Là, je suis assis du côté du hublot. On est le 27 décembre 2011. J’ai déjà composé deux albums. J’ai écrit pour me donner une activité et me préserver de la folie. J’ai eu envie de créer des univers plus roses que celui dans lequel je vis. J’ai essayé d’y ranger les émotions qui m’ont assiégé. Je suis étonné de voir à quel point toute cette histoire m’a emmené loin.
Avant d’avoir à écrire ces lignes, oui, je me suis confié à des gens. Je pense pouvoir dire qu’ils m’ont aidé à rester vivant. Sincèrement. Ce sont ces gens là que j’ai envie de remercier, du plus profond de mon coeur. Vous vous reconnaîtrez, c’est certain. Des êtres humains incroyables. Probablement des anges. Je ne sais pas ce qu’il va se passer maintenant, et ça me va. Je n’ai plus de secret à cacher. Ou ptêt quelques autres, des petites choses. Mais rien de fou, bref vous voyez ce que je veux dire. Je ne me suis jamais senti seul. Tant que j’avais un truc à faire. Je pense pas avoir à être seul un jour. Merci à vous pour ça.
Cher premier amour, je te suis reconnaissant. Reconnaissant, parce que même si on n’a jamais vécu ce que j’aurais aimé que l’on vive, quelque chose s’est passé. Il y a des choses qui ont lieu. D’autres, jamais. Et voilà où nous en sommes aujourd’hui. Je ne t’oublierai jamais. Je n’oublierai jamais nos étés. Je me souviendrai toujours de celui que j’étais avant de te rencontrer. Je me souviendrai toujours de celui que tu as été, de comment on a grandi, puis jamais changé. Je n’ai jamais eu autant de respect pour la vie et le fait de vivre que présentement.  Peut-être bien qu’il m’a fallu frôler la mort pour me sentir vivant. Merci. Merci aussi à ma mère, celle qui m’a élevé et qui a fait de moi un homme fort. Maman, je sais que si je suis fort aujourd’hui, c’est d’abord parce que toi tu l’as toujours été. Alors merci. Merci à tous. Pour tout. Aujourd’hui je me sens libre. Et si j’ouvre grand mes oreilles… je suis même capable d’entendre le ciel s’écrouler. »

1 commentaire:

  1. Waow cette letttre est vraiment très émouvante, j'avais déjà lu des petits extrait mais en entier ,non. Je suis tellement heureuse qu'il est assumer son homosexualité. tyler the creator l'a encouragé, si après ca y'en a encore un qui ose dire que les odd future sont homophobes c'est vraiment qu'il a rien compris à ces mecs.
    Hmm tu sais il y a d'autres options que le lissage pour un changement de tête ;). fouille un peu sur le net, avec des cheveux comme les tiens tu as un large choix!
    Bon déménagement, je ne connais pas trop le 18ème mais il est réputé pour être un quartier plutôt chaud, mais l'ambiance y est très africaine ;)

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